TÉMOIGNAGES

Témoignage de Sylvie D.

26 juin 2023

Ma meilleure amie est tombée malade à 51 ans d’un Cancer du Pancréas. Elle en est décédée à 54 ans. 

Le diagnostic est tombé en février 2016, le jour de la Saint Valentin. Elle avait un Cancer du Pancréas à un stade très avancé. 

Nous n’y avons pas cru. Nous avons fait des examens supplémentaires pour vraiment être sûr. La tumeur était engainée dans les organes ce qui rendait celle-ci difficilement perceptible. Lors du scanner il l’avait détectée mais par précaution, nous avons fait une écho-endoscopie. Même celle-ci ne montrait rien. 

Nous le savions, ma meilleure amie avait bien un cancer du Pancréas. 

En termes de soins médicaux, nous avons très bien été entouré, par le personnel de l’hôpital de Beauvais.  

Je vais juste apporter une critique qui me tient à cœur. Lorsque nous avons eu l’annonce du diagnostic on nous a proposé trois protocoles. Il n’y avait pas de médecin ce jour-là, seul un infirmier. 

Il y avait une dame qui était là pour nous « vendre son produit ». 

Il fallait donc qu’on choisisse. Nous ne sommes pas médecin, nous ne savions pas quoi faire. Nous étions effondrés par l’annonce. 

Nous avons cette grande chance qu’à l’époque ma fille soit infirmière à Paris et mon gendre manipulateur en radiologie. Ils ont soumis l’ensemble des protocoles proposés à des gastroentérologues et c’est l’un d’eux qui a déterminé lequel conviendrait le plus à mon amie. 

Cette situation m’a mise en colère, je ne comprenais pas pourquoi nous devions choisir. 

C’est pour cela que je veux témoigner. Car je ne veux pas qu’on dise de « choisir son protocole ». 

Je l’ai accompagnée du diagnostic jusqu’au protocole de chimiothérapie. Du début à la fin. 

L’entourage est très important sur l’espoir de vie. Nous avons beaucoup ri, beaucoup pleuré. 

Je me souviens lorsqu’elle était en soins palliatifs, j’ai dormi auprès d’elle. On a rigolé avec les soignants, on a préparé ses obsèques, on a tout fait. Du début jusqu’à la fin on a été là.

Elle a beaucoup souffert mais en même temps elle a beaucoup été rassurée. C’est ce qu’il y a de plus important. 

Je me souviens de ses mots un jour « Tu sais Sylvie, je ne veux pas aller dans le caveau », je lui ai alors répondu « Tu sais ça n’est pas toi qui ira dans le caveau, parce que toi tu ne seras plus là. Ton âme sera partie. Ce n’est que ton corps qui y sera ». Je me souviens de son regard, quand je lui ai dit cela, elle était rassurée. 

Je me souviens lorsque mon amie est partie, nous l’avions veillée toute la nuit, car nous savions qu’elle allait mourir. A 4h du matin j’ai reçu un appel de son mari me disant qu’elle était partie. 

Le médecin est arrivé et m’a pris dans ses bras. 

Nous avons beaucoup ri et ça il faut aussi le dire. Il faut passer des messages positifs : même si nous avons vécu quelque chose de très difficile, lorsqu’on est bien accompagné on a encore du temps devant soi. 

Même si mon amie avait tous les effets secondaires de la chimiothérapie lorsqu’elle allait mieux on faisait du vélo, on allait faire du ski et même à la montagne. Elle a pratiqué du sport jusqu’à la fin. 

Je pense que cela l’a maintenu. On a vécu à fond sans regret. 

Tout était rythmé pour elle. 

En quoi pourriez-vous dire que la maladie a changé votre vie à vous ? 

Il y a une grande ouverture d’esprit liée à la maladie. Cela me permet aussi de relativiser sur le sens de la vie, car il y a toujours plus grave. 

C’était quelqu’un d’exceptionnel, une très belle personne. 

Pourriez-vous parler de votre vie avant et après l’annonce du diagnostic ? 

A l’annonce de la maladie, c’est moi qu’elle a appelée en premier. Elle me l’a dit au téléphone en me demandant comment elle allait le dire à sa famille. Elle a même voulu le cacher pour ne pas les faire souffrir. Je lui ai dit qu’il fallait qu’elle leurs dise car elle allait avoir besoin de leurs forces. Alors je l’ai aidée à le dire à sa famille. 

Elle n’était jamais seule. J’étais sa béquille, son point de repère. 

Je ne regrette pas de l’avoir fait car pour moi donner c’est recevoir 10 fois plus. 

À toutes les personnes qui lirons mon témoignage, je veux faire passer un message d’espoir et leur dire de ne rien lâcher car des nouveaux traitements arrivent. Des Associations comme vous pourront les aider, les soutenir … que l’espoir demeure.